La paresse et la lâcheté de ceux qui font le choix de rester mineurs leur vie durant

La paresse et la lâcheté de ceux qui font le choix de rester «  en minorité »

Attention  ici en minorité est à prendre au sens juridique il s’agit de personnes  qui  font le choix de confier les rênes de leurs vies à d’autres..

 

Dans  ce texte le philosophe Emmanuel Kant critique les personnes qui, par paresse et facilité ont fait le choix  font le choix de confier leur vie et leurs destins à  des « tuteurs » bien sûr il ne s’agit pas de tuteurs au sens juridique du terme .  Dans ce texte tuteurs désignent toutes les personnes qui prennent en mains la vie des autres et sans par ailleurs avoir forcément les qualités requises pour le faire..

 

 La paresse et la lâcheté sont les causes qui font qu’un aussi grand nombre d’hommes préfèrent rester mineurs leur vie durant, longtemps après que la nature les a affranchis de toute direction étrangère (naturaliter majores [naturellement majeurs]) ; et ces mêmes causes font qu’il devient si facile à d’autres de se prétendre leurs tuteurs. Il est si aisé d’être mineur ! Avec un livre qui tient lieu d’entendement, un directeur de conscience qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner moi-même de la peine. Il ne m’est pas nécessaire de penser, pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien pour moi de cette ennuyeuse besogne. Les tuteurs, qui se sont très aimablement chargés d’exercer sur eux leur haute direction, ne manquent pas de faire que les hommes, de loin les plus nombreux (avec le beau sexe tout entier), tiennent pour très dangereux le pas vers la majorité, qui est déjà en lui-même pénible. Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d’oser faire le moindre pas hors du chariot où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules. » 

 

Kant.  Qu’est-ce-que les lumières. 1784

Écrire commentaire

Commentaires: 0